| | Prologue d'une formation mouvementée {PV N.N. ♥ | |
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Pandora Del Britannia Première Princesse de l'Empire | Premier Ministre
Messages : 140 Age : 31 Allégéance : Britannia
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| Sujet: Prologue d'une formation mouvementée {PV N.N. ♥ Ven 19 Nov - 17:54 | |
| UNE SUPPLIQUE MURMURÉE, UNE DIGNITÉ DÉROBÉE. ET ELLE S’EFFACE SOUS LE FARD DU DEVOIR.
Salle de réception, il y 5 ans
Un bruit de pas. Un martèlement serein et continu. Dérangeant. Ses yeux glissent partout sans vraiment voir. Ses gestes sont machinaux. Une suite gracieuse et légère. Le poids sur ses frêles épaules devient plus lourd chaque jour. Elle ressent la douleur de sa charge, l’étranglement du temps qui s’en va, de l’insouciance perdue. Elle s’y habitue doucement. En posant chaque pierre à l’édifice de son futur. Elle construit quelques fragiles bases, des remparts négligeables. Elle s’attend à ce que tout vole en éclat. Pour qu’elle recommence encore. Le rituel sans fin. Condamnée à voir défiler sous ses yeux les décisions de sa propre vie. Incapable d’arrêter le flot des ordres et des soumissions. Désireuse pourtant de poser sa propre marque. L’extérieur est limpide et fier. Arrogant et droit. Insoumis et dur. Elle sait qu’elle ne contrôle rien. Tout lui échappe, tout s’enfuit. Elle reste seule avec son angoisse, ses absences et un éloignement qui la frappe en plein cœur. Elle devient quelqu’un qu’elle n’est pas.
La pensée l’étouffe, la laisse sans vie et sans espoir. Elle ne se reconnaît plus. Perd ses quelques repères, ce qui avait fait d’elle la personne qu’elle était. Sans vraiment pouvoir la définir, seulement la ressentir. Cette impression. Cette chaleur, cette froideur, dans son regard, dans la glace. Elle ne se reconnaît plus. Devenue étrangère à ses propres yeux. Vide, de l’intérieur. Sa volonté bafouée, son esprit opprimé. Elle ne laisse aucune parcelle de pouvoir, pour mieux s’enfoncer dans sa cage dorée. Elle est maîtresse des lieux, promise à un avenir radieux. Elle est pourtant la plus prisonnière d’entre eux. Sous les masques de ses souries charmeurs et de son indifférence glacée, il y a seulement la douleur brûlante d’un sentiment plein d’amertume qui subsiste. Une seule personne capable de la sauver, de la libérer. Elle craint chaque jour de le voir partir. Elle craint chaque jour de se voir partir. Les quelques certitudes qu’elle a rassemblées ne peuvent reposer que face à ses sourires et à son soutien. Cette couronne, cet empire, ne pourra tenir que grâce à leurs efforts combinés. C’est ce qui lui permet encore de pouvoir respirer, de pouvoir se relever. Elle exécute. Elle devient machine huilée, sans sentiment, seulement avec des principes, pour gravir ces échelons que l’on met à sa hauteur. Il lui est impossible de chuter, de retourner en arrière. Elle peut seulement suivre sa lente progression, sans s’attarder sur les cadavres recouvrant son chemin, sans tendre la main aux infortunés brisant son destin. Et une fois au sommet, elle ne pourra qu’assister à sa propre déconfiture, à sa propre impuissance. Sans doute. Elle ne sait pas. Elle ne veut pas savoir.
Un bruit attire son attention. Elle reste figée. Une statue de marbre poli. Sa silhouette fine est moulée dans le violet profond d’une robe. Comme ses yeux. Terne et lumineuse à la fois. Ses longs cheveux relevés laissent sa nuque dégagée, pour s’entortiller en une coiffure simple, flamme aux reflets orangés masquant à peine la dureté de son regard. A la fois majestueuse et fragile, dans toute la fraîcheur de ses vingt ans. Elle a perdu ses lignes graciles de petite filles pour la stature digne et fière d’une future Impératrice. Sa confiance maîtrisée transpire par tous ses gestes. Son dédain assuré guide tous ses mouvements précis. Elle est à la fois intimidante et intimidée. Maîtresse des lieux et si peu maîtresse d’elle-même, malgré les apparences.
« Elle arrive, Votre Altesse. »
Un murmure, un regard en biais et la domestique part déjà, la laissant pour quelques minutes à sa solitude. Dans un geste inutile et sec, Pandora remet de l’ordre dans ses cheveux irréprochables. Sa nervosité lui ferait presque honte. Elle se déteste de cette faiblesse. Elle n’a pas à craindre une entrevue, l’inconnu. Elle est préparée à tout. Elle reste pourtant humaine. Terriblement et douloureusement. Son masque impassible et serein est déjà posé sur son visage.
Je suis ravie de vous accueillir ici. J’espère que notre collaboration s’avérera fructueuse. Voulez-vous que l’on nous serve un petit thé ? Elle retient un rire moqueur.
Ne vous en faites pas, il a été goûté, tout danger d’empoisonnement est écarté.
La voilà, la vraie raison. Elle ne peut s’empêcher de penser à son enfance déjà rythmée par ces tentatives infructueuses. Il aurait été si simple pour l’héritière de se blesser, de perdre la vie au cours d’un banal accident. Elle usé de la méfiance depuis tellement longtemps maintenant qu’elle ne se rappelle même plus la sensation de la confiance. Elle a déjà écarté de son chemin tant de dangers qu’elle ne se souvient même plus de la tranquillité et de la sérénité de gestes simples. Chaque nouvelle connaissance, chaque nouveauté est pour elle synonyme de mort et d’abandon. Il n’y a jamais que des évasions. Des fuites. Elle a renoncé à courir après des chimères, à vouloir se rapprocher de ceux qui ne voient en elle qu’un objet de valeur, à exposer, à montrer à leurs côtés pour s’attirer les faveurs de l’Empereur. Elle cherche simplement dans chaque nouveau visage la conviction qu’elle peut à nouveau donner sa confiance sans le regretter par la suite. Une tâche bien difficile.
Elle n’y met pas beaucoup d’espoir. Un soupçon d'attente, de curiosité dans ses yeux. Une lueur perceptible que si l’on la connaît vraiment. Emmurée dans son silence, déjà irritée par l’absence. Elle s’efforce de montrer le visage souriant et austère qu’elle s’est forgée au fil des ans. Elle y arrive très bien. Trop bien. Elle met ce masque depuis tant d’années qu’il fait partie d’elle. Incapable de l’arracher, de le briser. Elle l’emportera avec elle. Elle ne laissera comme traces que des souvenirs éphémères, des objets à peine marqués de son essence. Ses yeux balaient la pièce. Une chambre confortable et spacieuse. La longue table sévère et les chaises sont à peine effleurés par ses pupilles et elle préfère se concentrer sur la bibliothèque, les fauteuils confortables, la cheminée artificielle qui donne une fausse impression de chaleur. Ici, tout est superficiel et gris. Ici, tout lui ressemble. Elle est déjà une ombre rôdant en ces couloirs trop clairs, perdue dans son propre palais.
La porte s’ouvre. Pandora tourne la tête, son regard indéchiffrable et fier posé sur la poignée qui pivote. Son impatience est à peine visible sur ses traits détendus. Elle s’efforce de se souvenir des détails. Impossible de se remémorer les mots, pourtant. Il y a eu tant d’instructeurs, de professeurs, de mentors dans sa courte existence qu’elle en a perdu le compte. Mais elle a toujours été capable de retrouver leur noms, leurs leçons. Sa mémoire infaillible ne l’aidera pas face à l’inconnu. Un sentiment d’amertume et de fureur l’envahit quand elle se rend compte qu’elle ne sait rien de cette femme. Les mystères l’ennuient et ne pas avoir toutes les cartes, toutes les pièces en main, lui donne le sentiment qu’elle perd la dernière parcelle de contrôle qu’on lui a laissée. Ses yeux en sont presque douloureux, tant l’intensité de son regard trahit sa vive curiosité. Elle la fixe attentivement. Sans réelle agressivité. Un regard sombre et calculateur, qui essaie vaguement d’analyser l’expression, le maintien de celle qui lui fait face.
Indigo. Un regard divisé, caché. Une orbe captivante et pénétrante, aux longs cils recourbés. Noir. Le jais de ses cheveux qui effleure ses épaules délicates. Blanc. Le marbre de sa peau tranché par ce bandeau qui l’intrigue. Elle ne s’y attarde pas. Rompue à une politesse narquoise et insolente. Ses paroles douces et creuses lui donnent envie de rire. D’amertume.
« Je suis ravie de vous accueillir ici. »
Mensonge. Elle ne connaît rien d’elle. Pas son nom. Ce qu’elle est. Ce qu’elle fait. Les longues leçons, les apprentissages occupent une telle partie de sa vie qu’elle se donne parfois l’impression d’une noyée, dans les paroles et les jours qui s’étirent à l’infini. La curiosité des nouvelles rencontres éveille à peine son intérêt, tant les changements sont fréquents. Elle ne s’explique pourtant pas le sentiment qui enfle dans sa poitrine. Une attention toute particulière alors qu’elle incline doucement la tête. Elle n’ajoute rien de plus. Attendant qu’elle se présente, sans doute. Déjà prête à l’écouter, peut-être. Sa politesse distante l’enferme déjà dans le verre glacé de sa position et de son devoir. Elle n’a que faire des civilités. Son but est dans l’utilité de cette femme, dans ce qu’elle accomplira pour la rapprocher un peu plus du trône, pour lui donner davantage de pouvoir et de prestige. Son ambition émoussée par les désillusions et les interdits s’éveille sous les rênes du pouvoir que l’on place de plus en plus près d’elle. Ce qu’elle convoite est différent de ses lubies de petite fille. Étrangement semblable à ses rêveries, pourtant. Elle y a seulement ajouté les reliefs de la réalité, pour rendre plus accessible encore ce qui lui échappe.
Un sourire et elle se mure dans un silence attentif. Il est temps de définir les places, les rôles. Le sien est déjà gravé. Le sien est déjà ciselé, illuminé. Elle chassera simplement la brume de sa curiosité malvenue pour emprisonner cette rencontre dans la monotonie de son quotidien.
Dernière édition par Pandora Del Britannia le Lun 22 Nov - 21:15, édité 1 fois | |
| | | N.N.
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| Sujet: Re: Prologue d'une formation mouvementée {PV N.N. ♥ Lun 22 Nov - 16:46 | |
| Le monde est un grand bal où chacun est masqué .
Il était impressionnant de constater O combien les nobles de ce monde aimaient à exposer leur richesse. Plus ils en avaient, plus ils en demandaient encore. De vilains garnements trop gourmands à qui on n'avait que peu fait la leçon et avec qui ont avait été trop généreux... ou bien possédaient-ils tous quelque chose à compenser? Dans tous les cas, on ne pouvait nier une chose : ils possédaient tous un grand sens du luxe et du goût. Que nous valait donc cette pensée? Pourquoi théoriser la vie des plus riches Britannien? Pour la simple raison qu'une certaine jeune femme arpenter alors les rues de la Villa Impériale d'Aries. C'était une cité véritablement impressionnante, pleine de couleurs, de vies bien rangées, de rires desquels il ne ressortait aucune sincérité si ce n'était des politesses d'usage.... bref, une belle image dans un grand livre. Tout y était simplement superficiel, un bal où tout le monde portait un joli masque parfaitement confectionner... et aujourd'hui, c'était N.N. qui estimait arborer le plus beau de tous, en toute modestie. Les joies de l'immortalité étaient de vous offrir le temps nécessaire pour perfectionner votre art, quel qu'il soit. Il fallait dire qu'elle avait pu en abuser encore et encore, jouer les rôles qui lui convenaient le mieux, au loisir de l'artiste. Une vie presque bohème où les contraintes du sablier étaient ôtés. Alors il fallait y placer de nouvelles difficultés pour apporter de l'intérêt au jeu, le rendre plus attrayant, plus excitant.
N.N. avait choisi d'influencer l'histoire. Oui, l'histoire, rien que cela. Autant viser le sommet après tout. Comment? D'une façon bien simple, en s'approchant du pouvoir, de ceux qui possèderaient les commandes de ce grand jeu d'échec, en modelant un esprit qui n'attendait que cela... ou presque. Il suffisait parfois d'y laisser simplement une petite graine, l'arroser un peu et laisser les jours s'écouler pour s'épanouir pendant un temps convenable. Si elle ne germait pas immédiatement ou s'y refusait, elle resterait quand même là, à ce même endroit où elle fut déposée, agaçante, gênante jusqu'à ce que l'on décide clairement de quoi faire d'elle. Cette belle métaphore florale n'était là que pour expliquer que notre curieuse immortelle avait trouvé le moyen de se faire engager pour devenir la nouvelle préceptrice de la Princesse Pandora Del Britannia. Ne cherchait pas à savoir comment elle avait pu falsifier un faux curriculum vitae pour tromper cette famille royale - car on ne sait que trop que tout était méticuleusement regardé, de manière presque paranoïaque, chose compréhensible - cela faisait partie des petits mystères et talents cachés de la belle, à l'image même de ses véritables intentions.
La jeune femme avait rendez-vous aujourd'hui, pour sa première rencontre et premier cours avec la Princesse, elle espérait faire bonne impression, même si elle n'était en rien anxieuse. Au contraire, N.N. était sure d'elle, marchant d'une allure tranquille, un sourire amical sur son visage rayonnant. Son regard ne prenait plus le temps de balayer les locaux dans lesquels ses pas raisonnaient parce qu'elle était impatiente d'entrer sur scène. Ho, la bâtisse était splendide mais elle aurait évidemment le temps de tout scruter après son entrevue après tout... enfin... ses multiples entrevues car elle n'espérait pas que sa collaboration ne cesse aussi rapidement. Suivant allègrement alors un domestique qui la guidait vers la salle où l'attendait son élève, le chemin se fit dans un silence de plomb. Que c'était horripilant! Cette sombre atmosphère, si pensante, si accablante! Cet univers manquait cruellement de fantaisie! Il fallait corriger cela le plus rapidement possible.
Lui indiquant alors la salle, la porte à ouvrir, N.N. finit par se retrouver devant un parfait simulacre de jeune femme parfaite. Elle avait un port hautain, se tenait droite et pleine d'élégance. On sentait qu'elle dégageait quelque chose de royal et de majestueux. La Princesse Pandora était également une jeune femme fort belle, comme on pouvait s'y attendre, et les rumeurs sur sa beauté n'étaient pas à la hauteur de la vérité. Quel joli minois que voilà, enfermé dans la prison d'une robe bien serrée et des bonnes manières... et ce fut elle qui brisa le silence par le biais de la politesse, politesse que lui rendit bien rapidement notre protagoniste par une courbette parfaite.
" Je vous suis reconnaissante de m'accueillir et de me permettre de profiter de votre compagnie, Princesse. "
A cet instant là, N.N. se redressa en affichant un large sourire, on pouvait également clairement percevoir une étrange malice briller dans son regard. Il n'y avait aucune animosité, elle se présentait même de façon bien humble. L'immortelle n'avait pas cherché à se distinguer d'une manière particulière vestimentairement parlant, et au contraire, avait opté pour une tenue sobre et stricte, un tailleur bien simple qui toutefois ne manquait pas d'une certaine élégance. Néanmoins, elle était capable de se parer de toutes les tenues qui soient, elle attirait indiscutablement l'attention de par le bandeau qui lui zébrait son visage de porcelaine. Cependant, la princesse eut la bonté et la convenance d'éviter d'y perdre son attention. Quelle attention charmante et tellement digne de son rang.... mais le temps de la comédie était fini.
" Maintenant il est temps pour nous de commencer nos leçons mais avant tout... je vais vous énoncer qui seront les nôtres pour chacune de nos entrevues. "
Le sourire de la jeune femme s'étirait de plus belle, comme si elle préparait un coup malsain. Sans crier gare et sans nul doute avec une certaine forme de culot, elle tourna le dos à Pandora, se dirigeant vers un siège dans lequel elle s'installa convenablement, croisant les jambes avec désinvoltures. Adieu attitudes strictes et conformes, bienvenue rebelle attitude.
" Je suis votre Professeur et vous mon élève. Votre statut de princesse, je n'en aurais que faire. C'est pour cette raison qu'en ma compagnie, vous oublierez tout simplement toutes vos règles de bienséances et de chichis. Pas de courbettes, pas de Madame... Appelez-moi N.N. Je sais que sans doute cela vous paraît un peu soudain, mais je n'ai pas pour ambitions de devenir une de vos préceptrices bien coincées vous apprenant comment bien vous conduire. Non... je suis là pour le contraire. " "
Une nouvelle esquisse, l'immortelle semblait déjà bien s'amuser à semer ses graines au vent. Nonchalante, elle s'accouda négligemment sur le fauteuil dans lequel elle avait prit place, et présenta d'un geste élégant celui qui se tenait en face pour la jeune Princesse.
" Ne soyez pas troubler par mon comportement et par mes manières, il est là une chose à laquelle vous devrez vous accommoder... après tout, en tant que princesse vous devez y être habitué, non? Et bien je suis là pour bousculer votre univers et vos habitudes, que cela vous en déplaise de toute façon. Enfin passons... Maintenant, allons dans le vif du sujet, notre premier cours : poser moi toutes les questions qui vous passe par la tête, ce que vous désirez savoir, ce que votre curiosité aimerait satisfaire... et je ne m'adresse pas à la princesse mais à la jeune femme, alors je vous prierez de ne pas me sortir que rien en vous trotte dans la tête. Je ne vous croirez pas et vous ne pourrez m'en convaincre de toute manière. "
Et bien voilà, N.N., directe, franche, l'unique, l'exubérante qui aimait à bousculer son monde... Il était temps pour la belle Princesse de sortir de ce cocon dans lequel son devoir l'emprisonnait pour pénétrer dans le royaume de l'immortelle... divine comédie...
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| | | Pandora Del Britannia Première Princesse de l'Empire | Premier Ministre
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| Sujet: Re: Prologue d'une formation mouvementée {PV N.N. ♥ Lun 22 Nov - 21:13 | |
| UN MASQUE QUI SE FENDILLE, UNE AGONIE RAVIE. ELLE S'ÉCORCHE LA VOIX SOUS SES MUETTES PRIÈRES.
C’est un geste automatique, né d’une machine aux rouages bien huilés, qui la pousse à rejoindre le fauteuil montré par sa préceptrice. Pandora s’y installe presque à contre-cœur. Les manières de la jeune femme à ses côtés la surprennent. La dérangent, peut-être. Une lueur de surprise, clairement visible dans son regard, est vite étouffée sous le masque habituel de sa dignité et de sa froideur. Elle se sent pourtant gauche et maladroite, face au charme naturel et à la franchise sans fard ni artifice de N.N.. Comme si c’était elle, qui n’était pas à sa place ici, avec ses convenances, sa politesse affectée et son attitude respectueuse. Un inversement de rôles, un bouleversement discret mais qui a pour conséquence de la déstabiliser. Elle ne vit que dans cet artifice et dans ce monde superficiel. L’habitude est maîtresse de ses actions, de ses paroles. Il n’y a nulle place pour la spontanéité, pour une formation… sans chichis ? Elle fronce les sourcils. Méfiante. Furieuse, certainement. Son contrôle si bien établi semble lui échapper, fumée inconsistante éloignée par un vent de légèreté et de franchise. Elle se rend compte avec amertume qu’elle perd ses repères quand on l’éloigne de ses règles et de sa parfaite comédie. Furieuse, vraiment. Contre elle-même pour se sentir si vite désorientée par une étrangère qui impose ses instructions. Tentée d’abord de protester, de mettre fin à cette mascarade, elle se reprend. Pour l’écouter parler, exposer jusqu’au bout ses requêtes. Ses ordres. Elle n’oublie pas qui est l’instructrice. Quoi qu’elle pense, elle sait qu’elle doit se plier à la volonté de cette femme. Quoi qu’elle dise, elle sait qu’elle n’aura pas d’autre alternative. Celle qu’on lui offre ne parait pas bien déplaisante. Pandora s’efforce, vainement, de cacher sa perplexité. Il est certain que les façons de cette femme l’étonnent. Elle n’aime pas recevoir des ordres. Elle n’aime pas que l’on l’emmène sur un terrain qu’elle ne connaît pas. Mais sa curiosité l’emporte. Qu’a-t-elle à perdre, de toute façon ? Il sera temps, si elle le souhaite, de la congédier, plus tard. N’est-elle pas la future héritière ? N’est-elle pas en âge de choisir ses propres instructeurs ? L’idée qu’elle ait été acceptée par l’Empereur, en ces temps, l’empêche néanmoins de lui montrer ouvertement son agacement. C’est un sentiment diffus, une légère exaspération. Elle ne ressent ni la colère habituelle face aux incompétents, ni l’ennui face aux incapables. Il y a seulement un étonnement mêlé de reproches. Parce qu’elle ne lui laisse pas de choix. Parce qu’elle a simplement, de ses mots, brisé l’univers si bien construit qu’elle avait placé autour de ses cours et de son apprentissage. Parce qu’elle se rend compte que rien de tout cela ne la gêne vraiment, en fait, face à l’avidité de satisfaire sa curiosité et de trouver des réponses aux questions que N.N. lui propose si aimablement de poser. La jeune Princesse esquisse un sourire. Déconcertant de naturel et à la fois distant. Elle sait qu’elle ne gagnera rien à continuer son jeu habituel. Que cette femme ne se laissera pas berner par ses belles manières et ses paroles creuses. Et n’a-t-elle pas raison ? Ne peut-elle pas s’adapter à n’importe quelle situation, faire miroiter à ses interlocuteurs ce qu’ils attendent d’elle ? L’occasion est trop belle et la situation trop parfaite pour chercher à s’en irriter. « Je suivrai donc vos méthodes, N.N. » Son nom lui semble étrange. Comme toute sa personne, sans doute. Il roule sous ses lèvres de façon saccadée et elle se dit qu’il lui semble encore plus insolite dans sa propre bouche. Bousculer les mœurs, les usages. N.N. peut s’en vanter, sans doute. En quelques minutes de conversations, elle a déjà réussi à chasser l’atmosphère pesante et affable de la pièce au profit de… quoi, exactement ? Sourcils froncés, Pandora réfléchit à sa demande. Calme et imperturbable, malgré la situation qui lui échappe. Son maintien a perdu de sa raideur et de son arrogance, en conservant néanmoins cette touche d’insolence qui la caractérise. Ses yeux se posent à nouveau sur son interlocutrice. Une observation discrète et attentive. Toujours polie et aimable. Mais intéressée, à présent. Réellement. Elle ne veut pas se cacher sous des questions sans réel but et futiles. Elle ne le peut de toute manière pas. L’interdiction la rend quelque peu méfiante. Elle a appris à ne faire confiance à personne. Elle a appris à ne faire confiance même à sa propre famille. Elle se rappelle de son enfance. Des tentatives, nombreuses, d’attenter à sa vie. Des tests, tout aussi nombreux, de leur père, pour éprouver son intelligence, ses réactions. Le doute, subtil poison se répandant dans ses pensées, ne peut être endigué par les paroles que N.N. vient de prononcer. Mais elle n’a rien à perdre en demandant. Elle n’a pas à se dévoiler. Simplement à interroger. « Toutes les questions ? » Requête purement rhétorique. Ses yeux perçants se posent sur le visage de celle qui lui fait face. Dérivent vers le bandeau, inéluctablement. Poursuivent leur route sur la façon dont elle se tient, ses gestes gracieux et énergiques. Des questions, nul doute qu’elle en a. Elles se bousculent toutes dans sa tête, menaçant de franchir la barrière de ses lèvres à tout moment. Elle n’ose encore le faire, pourtant. Ce qui lui passe par la tête… Elle fait bien une mauvaise élève. Ses moindres paroles sont calculées, mesurées avant qu’elle n’émettre le moindre son. Il lui serait aussi difficile de lui demander du naturel que de lui demander d’arrêter de respirer. Elle ne sait pas si N.N. en a confiance. Elle ne sait pas jusqu’où N.N. en a conscience. Elle se sent mise au défi. Au pied du mur. Que peut-elle faire, si ce n’est obéir ? Ces convenances auxquelles elle voudrait s’attacher, ce sont elles qui l’obligent à se plier à ses exigences. Elle ne peut se cacher derrière nul masque, nul fard. Ballottée en tous sens par des requêtes opposées, vues de toutes les directions avec des yeux détournés. Et quand on frappe en plein cœur, quand on touche sa barrière infranchissable, elle est plus éloignée que jamais. Une poupée envahie par la rouille et par la pourriture, qui ne sait faire marcher ses articulations cassées sans être remontée. Une bien jolie marionnette, faite d’arrogance et de doutes, emprisonnée dans la soie métallique des armures qu’elle se forge. Elle sent ses défenses se resserrer autour d’elle. Une maigre tentative pour essayer de fuir, encore un peu. Avant qu’elle ne capitule finalement et n’ancre son regard dans l’indigo de celui qui l’observe. « Qu’est-il arrivé à votre œil ? » Une dureté implacable, dans sa voix claire. La fragilité se mêle pourtant à la froideur, sous ses airs assurés. Sa vulnérabilité n’a jamais été aussi parfaitement cachée, aussi parfaitement visible. Elle cède à son impulsion du moment. A la fois par défi et par réelle curiosité. La meilleure défense est l’attaque. Elle ne sait rien sur elle. Elle a pourtant conscience que sa demande n’est pas anodine. Prévisible, très certainement. Mais on lui a demandé l’abandon. La franchise. Ne pas montrer que cet œil caché l’intrigue serait une erreur. Il éveille son intérêt et il est certain que chaque personne croisant ce regard dissocié se pose la question. Elle ne fera nul compromis, ne lui épargnera aucune interrogation. Elle ne lui fera pas non plus l’offense de continuer le désintérêt et la feinte affabilité alors que tout son être brûle de curiosité. Dans une réflexion désabusée, elle se dit que sa préceptrice ne lui a pas promis de réponse. Qu’elle n’a aucune garantie. Mais elle est prête à attendre le temps qu’il faut pour pouvoir lui ravir toutes les informations qu’elle désire. Si le jeu commence, elle se pliera à ses règles et en apprendra toutes les subtilités. Le naturel que l’on lui demande n’est qu’un facteur en plus, un handicap qu’elle écartera vite, pour se plonger un peu plus dans cette charge que l’on fabrique pour elle et qu’elle saura modeler selon ses aspirations. Elle n’a droit qu’à un répit, une bouffée d’air frais entêtant, avant de reprendre le cours de son existence réglée. Elle se demande seulement jusqu’à quel point elle pourra l'intoxiquer de sa vivacité et de ses bouleversements. Jusqu’à quel point elle sera capable d’adoucir son esprit trop rigide, son comportement trop parfait. Jusqu’à quel point elle sera capable de chasser loin d’elles l’ombre froide et vaniteuse qui plane toujours sur elle. Jusqu’à quel point, elle-même, la laissera pénétrer dans le cercle trop restreint de ceux à qui elle montre, ne serait-ce qu’un peu, un autre visage que celui de son masque le plus réussi.
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